Je l’attendais presque avec impatience, ce jour où nous fêteront dignement ses 18 mois, parce qu’il a grandit d’un coup, notre tout petit. Il parle énormément, répète tout ce qu’on dit et se fait très bien comprendre par tout le monde. Il a son sacré caractère, Elio, sous ses airs d’anges, entre péniblement dans la phase d’opposition. Nous n’avions pas vraiment eu de soucis avec Alice, lui, il tape et fait plus facilement une colère, il boude et cri, il tire les cheveux et puis, vient nous faire un câlin, pour essayer d’avoir ce qu’il veut.
Elio, c’est notre dernier bébé, celui qu’on couve un peu trop, et pourtant, celui qui marche déjà tellement bien, à nos côtés. Je peux le dire officiellement, il n’est plus allaité depuis deux semaines, je reviendrais dans un article plus complet. Je le sens aujourd’hui, cette différence que j’ai eu avec mon premier bébé, Elio a moins besoin de nous, est beaucoup plus autonome et joue seul, s’occupe seul, réclame parfois un câlin, mais pas tant que ça, parce qu’il sait que je suis là. Il est débordant de vie et à la fois, tellement calme et soucieux, tellement minutieux, à vouloir grandir trop vite.
Hier, Elio a eu 18 mois, et nous l’avons oublié. Nous l’avons oublié parce que nos esprits étaient tournés sur l’actualité, celle qui fait mal, celle qui nous fait pleurer en pensant à l’avenir. Aujourd’hui, j’ai peur, peur pour eux, si pleins de vie, peur qu’on leur enlève ce sourire, ces yeux pétillants, ces jeux à deux, à trois, à quatre. Oui, j’ai peur pour eux, pour leur enfance heureuse, pour leur innocente qui s’envole, chaque balle tirée.
Quand j’étais enfant, à l’école, j’ai appris ce qu’était la guerre, j’ai appris ce qu’avaient vécu mes ancêtres, j’ai entendu enfant, ma marraine avouer à mi mot qu’elle n’avait jamais enfanté, par peur de ce qu’elle avait vécu, enfant. La perte de sa maman et cette vie si dure. Et je me suis avouée, à mi mot, que j’étais chanceuse de vivre dans un nouveau siècle, dans celui où les gens n’oubliaient pas et qu’il n’y aurait plus jamais de guerres.
La guerre, un siècle après, elle nous touche en plein nez, on ne le sent pas réellement venir, on est en plein dedans, ce n’est que le début, mais elle me fait peur, peur de ne plus voir mon fils de 18 mois courir dans mes bras parce qu’il a juste peur d’une moto qui passe à toute allure.
Hier, il a eu 18 mois, nous l’avons oublié, mais aujourd’hui, nous vivons au jour le jour, espérant garder à jamais ce sourire et cette joie de vivre. Et ne plus rien oublier de futile.
il a poussé, il est trop beau